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Lahitte-ToupièreLes maisons s'étendent sur un coteau dont l'altitude moyenne est de 260 m.
De divers points la vue s'étend sur la plaine de Bigorre, sur la plaine de l'Adour, sur les Pyrénées ou vers les coteaux du Béarn.
Histoire du nom du villageDans les textes les plus anciens que nous possédons Lahitte-Toupière est appelé Lafita-Topiera. Il en est ainsi notamment dans l'enquête de 1300 sur les revenus du pays et comté de Bigorre.
A l'époque féodale, le village empruntait en général son nom à quelque particularité géographique ou historique. Le mot de basse latinité Fitta signifie point ou douleur. Faut-il y voir l'effort, la douleur, réalisée ou éprouvée par celui qui monte à Lahitte par une côte autrefois bien raide ? D'après une autre acception plus vraisemblable, le mot Fitte, Hitte, signifie borne, limite, frontière. Lahitte est en effet à la limite de la Bigorre, du Béarn et de la Rivière-Basse. Le mot Toupière est significatif de l'industrie qui s'y exerçait jadis, industrie prospère par le nombre de ceux qui l'exerçaient.
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Les Seigneurs de LahitteDès 1170, nous trouvons mention d'Arnaud-Bernard, seigneur de Lahitte, associé au comte Centulle, dans la mise en possession de l'église Saint-Pierre.
L'enquête de 1300 mentionne Guillaume Garcie de Tuzaguet comme seigneur de Lahitte-Toupière : Guillelmetus Garsie de Tussageto, dominus de Fita-Topiera
En 1501, noble Bertrand de Rivière, seigneur de Labatut et noble Raymond Bernard de Senlane, seigneur de Hagedet, étaient co-seigneurs de Lahitte. Enfin, en 1789, le titre appartenait au comte de Beaudéan-Parrabère, qui résidait à Paris et émigra pendant la révolution.
Réf du text La LangueNos ancêtres parlaient la langue gasconne, dérivée du latin celle qui est encore en usage aujourd'hui mais se trouve en régression fortement concurrencée par le français. Il fut une époque, où, sous l'influence d'une fausse et officielle conception, il était honteux de ne parler que gascon (patois). On est heureusement revenu sur cette hérésie et le gascon est aujourd'hui considéré comme un véritable idiome et en partie réhabilité. Le gascon était anciennement en usage dans la commune. Les coutumes de 1580 sont écrites en gascon. Il n'est pas douteux que, de nos jours, malgré les efforts des félibres pour maintenir la langue, le gascon perd du terrain parmi le peuple. Le félibrige n'intéresse qu'une faible partie de la population, la plus cultivée d'ailleurs. L'autre ne considère le folklorisme qu'en raison des distractions qu'il peut procurer. Les règles de la dérivation phonétique n'offrent, dans le parler de cette commune, aucune particularité. Les désinences (a latin, non tonique) se sont assez bien conservées, mieux qu'en Bigorre, où a latin final s'affaiblissant devient e (ou o dans le village voisin de Larreule). La langue parlée à Lahitte relevait plus de l'Armagnac que de la Bigorre.
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Les CagotsIl est une certaine catégorie d'habitants de Lahitte que les textes anciens nous font connaître : ce sont les Cagots. Le Terrier de 1533 (Arch. com. CC. 7) porte, fol. 142, r°., la mention suivante : " Los capots deudit loc. " Sanson deu Plaa, capot, tien en lo terrador deudit loc las terras sequentas : Prumerament lo casament aperat au Sorbe ". Plus terre à " Pixaro " ; F° 142, v° : " Peyroton deu Plaa, capot, " une pièce de terre " au Sorbe " ; une pièce de terre, vigne " a la binha deu crestia " ; F° 143 : " Johan deu Plaa, capot ", une terre " au Sorbe ", une autre à " las batz ". Sur les Terriers de 1625 et 1667 (Ibid, CC. 9), on lit : Fol. 235 : " Bernard Lasime, gézite ", maison " a La Sime ", Confronte avec Junqua et M. de Parrabère ; autre terre " à la Sansonne ". V° : Bertrand du Junqua, gézite ", maison " à Bertrand ", pièce de terre " devant Bala " ; Fol. 236 : " Jeandou du Junqua, gézite ", maison " à Jeandou ", confronte " de toutes parts avec fossés et terre comune dudit Lafite ". Terres " à la Roumigue ", " à Lartigau ", " au cap de Leschon ", " à Lasbatz ". (Il a beaucoup de terres). L'état des chemins communaux, dressé en 1827, fait d'autre part état du Carrerot deus Capous : celui des chemins ruraux de 1840-47 mentionne encore le Carrerot des capous et le chemin de Crestia. Ces dénominations subsistent encore.
Tous ces noms : crestia, capot, gézite s'appliquent à une même catégorie d'individus : les cagots. Je ne reprendrai pas ici les discussions que l'on trouve ailleurs pour savoir qu'elle est l'origine de ces malheureux condamnés à vivre à l'écart de la société. Faut-il y voir des ca-goths, des descendants des Sarrasins ou des lépreux ? Le document suivant nous éclairera, en tout cas suffisamment sur la situation qui leur était faite et sur leur réhabilitation sous l'influence de l'Eglise, ce qui leur a permis de s'élever ensuite aux plus hautes situations sociales.
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La CommuneLa commune est l’association des habitants d’une agglomération en vue de l’administrer eux-mêmes et de pourvoir à la satisfaction des besoins matériels et moraux que fait naître le voisinage. Les communes ont succédé aux municipes romains. Sous la monarchie absolue, l’effort de la royauté tendit à supprimer les droits exorbitants des villes, à éliminer les petits états particuliers, mais les villes gardent celles de leurs franchises qui sont compatibles avec la notion nouvelle de l’unité du pouvoir souverain. Toutefois les élections sont cassées si elles déplaisent au Roi. A la tête de chaque communauté de campagne se trouvaient des consuls au nombre de deux, trois ou quatre. Ils étaient chargés de l’administration des biens et des intérêts de la communauté ; ils faisaient la police. Les coutumes de Lahitte, données en 1580 ne constituent guère qu’un règlement de police et ne nous apprennent rien sur l’organisation municipale. Les consuls étaient nommés chaque année dans un très grand nombre de paroisses par le seigneur du lieu ou ses agents sur une liste que les habitants présentaient. Parfois, ils étaient choisis par la communauté elle-même en assemblée générale ou par les consuls sortant de charge.
Les consuls convoquaient et présidaient les assemblées générales de la communauté. Ces assemblées avaient lieu à l’époque de la cessation des fonctions des anciens consuls pour entendre leurs comptes, à l’entrée en charge des nouveaux ou à l’occasion d’affaires importantes ou extraordinaires. Voici d’après des documents des archives communales les noms de quelques anciens consuls. En 1533 : consul Peyrot de Lagarde et Peyrot de Cadira ; bayle : Guillaume de Lamarque. (Arch. comm. C C I, Terrier de 1533.) Furent nommés pour l’année 1711-1712 (sur une liste présentée par les consuls) par M. Laleu, agent général de haut et puissant seigneur, César de Beaudéan, comte de Parabère. (Nomination du 6 septembre 1711.) Premier consul : Monsieur Dujac. Second consul : Jean Darré Moreau. Troisième consul : Pierre Dufau. Garde : Jean Latapie Tadiou. Et pour l’année 1716 : nomination du 1er septembre 1715, faite au château de Parabère par Molonguet, procureur fiscal, en l’absence du comte et en raison de l’indisposition de M. Laleu, agent général. Premier consul : le sieur Dujac. Second consul : Jean Boudas. Troisième consul : Domenge Roupette. Garde : Jeanat. Les précédents devaient être, en 1710 et 1715 : 1710, Pierre Darré, Pierre Latapie, Jean Dabos, consuls Jean Duffau, garde, 1715, Dousse, Domenge Latapie Mengely, Arnaud Davantes, consuls. Arnaud Guilem, garde.
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L'EglisePour modeste qu'elle soit, l'église de Lahitte-Toupière pose un problème archéologique que je vais m'efforcer de résoudre. En entrant dans cette église formée d'une nef centrale et de deux bas-côtés de 21 m. 60 de longueur, à chevet aujourd'hui plat, l'œil se repose agréablement sur les grandes arcades de la nef faisant harmonieusement communiquer celle-ci avec les bas-côtés, arcades en plein cintre, au nombre de 4, supportées par de forts piliers carrés en maçonnerie et pierre de 0,83 de côté. D'après une tradition, l'église aurait été brûlée, au temps des guerres religieuses, à la fin du XVIe siècle. Or, l'Intendit de 1575, ou enquête sur les ravages des Huguenots dans le comté de Bigorre, mentionne comme brûlées et pillées, dans cette région, les églises d'Auriébat, Estirac, Maubourguet, Villefranque et d'autres localités de la Rivière-Basse(16). A moins qu'elle ne soit comprise dans ces autres localités, l'église de Lahitte n’y figure pas. Elle n’est pas en tous cas explicitement désignée. Or, il est étrange que l’auteur de l’intendit n’ait pas cru devoir mentionner Lahitte, église d’une certaine importance, alors qu’il mentionne Villefranque, qui en avait beaucoup moins. Sans doute l’intendit raconte les ravages des Huguenots dans le comté de Bigorre, et Lahitte ne faisait point partie de la Bigorre mais il dénombre Auriébat Estirac, Maubourguet et Villefranque qui n'en faisaient pas davantage partie. D'autres part les dépositions de Dominique d'Abbaye et de François d'Ybos signalent les églises ruinées de Abedeille, Lucarré, Abos, Bentayou, Peyraube, Pontiac, Labatut, Seré. Le rapprochement de ces deux textes semblerait indiquer qu'entre Labatut et Villefranque, les deux localités de Monségur et de Lahitte auraient été épargnées(18). Cependant, l'église de Lahitte a eu à souffrir du feu, des traces en sont visibles à côté de l'autel de la Vierge(19). Par ailleurs, quand on monte au clocher, on aperçoit au-dessus des voûtes en bois actuelles, des traces d'arrachement et comme l'amorce de voûtes en pierre. L'église a donc eu autrefois une voûte en berceau sans doute et sans doubleaux malgré la longueur de la nef car nulle trace de colonne pour supporter ces doubleaux ne subsiste. La présence seule d'une voûte peut justifier la forte dimension des piliers de la nef, et cette église a été ruinée par l'écroulement de la voûte.
En l'absence de toute sculpture, qui seule permettrait de dater l'édifice de façon certaine, je conclus donc que nous nous trouvons pour la nef centrale et le bas-côté sud tout au moins devant les restes de l'église ancienne, bâtie à Lahitte au XIIe siècle. Il est d'ailleurs possible que le bas-côté nord ait été construit à une époque postérieure, car le mur ouest de l'église présente une reprise de travaux correspondant précisément à ce bas-côté nord et il est vraisemblable que des modifications furent faites à ce côté de l'église au XVIe ou au XVIIe siècle. Le profil n’est d’ailleurs pas le même des deux côtés du toit. Le clocher est formé par un mur ajouré pour le logement des cloches. Deux élégantes arcatures, en arc brisé, en forment l’ornementation : elles datent de la fin du XIIIe siècle ou du XVIe siècle. C’est par le clocher que, selon l’usage général, l’église fut terminée.
L’importance, toute relative d’ailleurs, de cette église, s’explique autant par l’esprit de foi et la prospérité du village à cette époque que par le voisinage de l’abbaye bénédictine de Larreule. Le monastère dut sans doute apporter pour sa construction des plans et une direction technique. A l’intérieur, cette église se présente sous la forme d’une nef centrale de 5 m. 45, flanquée de deux bas-côtés de 3 m. 43 de largeur. Le chevet est actuellement plat. Il n’en a pas toujours été ainsi. L’église avait autrefois un chevet rond. La preuve en est dans la trace de charpentes qui se trouvent sur le mur Est de l’église au-dessus de la sacristie actuelle. En outre, on remarque au sud une corniche d’ornementation qui court sous le toit le long du mur. Arrivée à l’extrémité sud-est du mur, cette corniche s’infléchit visiblement pour épouser l’ancienne forme ronde de l’absidiole. C’est donc que le chevet comprenait une abside et deux absidioles rondes comme il est courant à l’époque romane ou tout au moins une absidiole au sud si le bas-côté nord a été construit ultérieurement comme la réfection du mur du clocher paraît l’indiquer.
La voûte en arc surbaissé est en bois depuis l’écroulement de la voûte en pierre. Au sud, on remarque aujourd’hui un porche moderne refait au XIX e siècle. Il a existé certainement un porche ancien ou tout au moins une porte de l’église du XII e siècle comprenant un tympan ou un linteau sculpté. En effet, au-dessus du collatéral nord près du clocher a été encastrée dans le mur, une pierre sculptée qui m’a été signalée par M. Gaston Duffau, maçon à Lahitte et qui provient peut-être d’ailleurs en raison de son caractère très archaïque de la primitive église. Les autels des bas-côtés sont aujourd’hui dédiés à saint Joseph et à la Vierge. Il y avait jadis une chapelle Saint Etienne. Ce devait être l’autel du collatéral nord. Le patron de la paroisse est Saint Pierre (29 Juin). C’est depuis une cinquantaine d’années que l’usage s’est introduit de célébrer la fête locale le premier dimanche d’août. Mais le patron de l’église est bien Saint Pierre, 29 juin et non Saint Pierre-esliens. La raison du transfert réside dans l’urgence des travaux agricoles à l’époque où tombait la fête. Sur les réparations que subit cette église au cours des âges nous sommes peu fixés. Si elle avait été ruinée par les protestants puis restaurée, sans doute n’aurait-elle pas eu besoin des importantes réparations qui furent entreprises à la fin du XVIIe siècle.
Le 23 octobre 1683, un acte fut passé entre Antoine Dargenton, maître doreur et maître Pierre Duclos, curé de Lahitte, Jean Dujac et Jean Latapie Joandet, marguilliers de l’église. Antoine Dargenton, maître doreur de Riscle, déclare, le 25 mars 1684, avoir reçu du curé et du marguillier de Lahitte 260 livres tournois plus la " doreure du corps du tabernacle du grand autel de ladite église ; pour avoir doré la grande corniche du tableau, fileté les deux autres corniches des deux tableaux du même autel, que toute l’architecture du retable dudit autel et le fond marbré ; ensemble douze bases et six chandeliers dorés pour ledit autel. "
Ce tabernacle existe encore mais on l’a relégué du maître-autel à l’autel de saint Joseph où par suite de l’obscurité, il n’est guère en valeur. Une seconde série de réparations fut faite en 1785. (Arch. du Gers, C. 54.) La période révolutionnaire ne semble avoir apporté à la destination de l’église aucun changement. Sans doute le culte fut-il d’abord maintenu puis interrompu, mais le curé Artigalas, s’étant prudemment rangé parmi les curés constitutionnels, ne fut pas inquiété. Seul le presbytère fut vendu. Une délibération du 12 Mai 1831 dépeint l’église comme étant en mauvais état. De plus on reproche aux cloches dont la voix est étouffée par le toit de ne point s’entendre : on envisage donc de surélever le clocher et de faire l’acquisition d’une horloge. Un devis est dressé par Barbé, charpentier à Vic. Il s’élève à 320 Francs. Une adjudication a lieu le 21 Août 1831, et Barbé reste adjudicataire à 300 francs.
Il existait pourtant une horloge à l’église, antérieurement à cette date, car, par lettre du 19 janvier 1823, le sieur Bellocq expose qu’il ne peut se faire payer du placement de l’horloge de la commune qu’au moyen d’un second état, approuvé par le Préfet. En 1832, il n’était pas encore intégralement payé : on lui reprochait d’ailleurs de n’avoir pas entièrement exécuté ses obligations en mettant le mécanisme au point. (Prix de l’horloge : 450 fr.) Enfin, en 1900, d’importantes réparations furent encore faites à l’église. Pour les exécuter, la fabrique vendit 30 fr. de rente 3 % ; un rôle de souscription volontaire des habitants fournit 113 fr. et le ministère des cultes alloua une subvention de 650 fr. (Décision du 9 janvier 1899.) Pour réduire la dépense, on substitua le sapin au nerva prévu au devis. La fabrique à ce moment venait de recevoir également un legs de 1.000 fr. provenant de M. François Duffour. Un arrêté préfectoral du 29 septembre 1893 autorisa la fabrique à l’accepter. La délivrance en fut faite par Mme Françoise Lavedan, veuve Duffour, épouse Barrère, à Maubourguet, à M. Ferdinand Balencie, président de la fabrique. (Quittance Lasserre, notaire, du 14 novembre 1893.) M. Lafitte fut nommé régisseur des travaux (arrêté du maire du 20 octobre 1898). Un devis de réparation des voûtes en bois de la nef et des bas-côtés, du 24 octobre 1894, de M. Rivard, architecte à Maubourguet, s’élevait à 1.850 francs. Le cahier des charges est du 7 janvier 1897, approuvé par le Préfet, le 6 octobre 1898. Le décompte de M. Laffitte fait ressortir 1.547 fr. 45 de dépenses (20 février 1900), approuvé par le Préfet le 24 février 1900.
Les ressources énumérées dans ce décompte sont les suivantes : Vente d’un titre de rente par la fabrique ............. 1.021 fr. 95 Rôle de souscription en argent ........................... 113 fr. " — en nature ........................................................... 57 fr. 80 Secours de l’Etat .................................................. 650 fr. " Total ....................................................................... 1.842 fr. 75 Dépenses ............................................................. 1.547 fr. 45 Reste dans la caisse municipale ..................... 295 fr. 30 Heureux temps où les travaux laissaient des excédents de recettes ! L’architecte Rivard ayant quitté Maubourguet au cours des travaux, ceux-ci furent continués par Lalanne de Lahitte. Les voûtes en lambris qui recouvrent la nef et les bas-côtés de l’église constituent une partie des travaux exécutés à la fin du siècle dernier.
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